Comprendre la perturbation endocrinienne

“Émission du Labo”, enregistrée en public au Lieu Unique, Nantes, le 14 mai 2019

Les sources d’exposition sont nombreuses et difficiles à maîtriser, tout comme leurs conséquences biologiques.

Historiquement, les perturbateurs endocriniens ont commencé à attirer l’attention des chercheur·euses dès les années 1950. Mais c’est l’affaire du distilbène qui, dans les années 1970, a fait exploser le sujet sur la scène scientifique et médiatique, alors même que le terme de “perturbateur endocrinien” n’était pas encore utilisé.

Aujourd’hui, c’est un enjeu majeur de santé publique, pour nous qui sommes vivants, mais aussi pour les générations futures, celles qui n’ont pas encore vu le jour. Référence.

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Les perturbateurs endocriniens, expliqués en 90 secondes

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Produits cosmétiques sans perturbateurs endocriniens : pourquoi et comment

Sans, c’est mieux ! Heureusement des alternatives (bio) existent !

Vidéo via @phyts_bio et @ReseauES, mai 2019

Cancer, stérilité, autisme… Le Professeur Sultan témoigne sur les impacts santé des perturbateurs endocriniens. Or, certains cosmétiques “classiques” en contiennent !

  • Référence (vidéo) Phyt’s, mai 2019, facebook.
  • Sources scientifiques #sanscestmieux sur facebook.
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Réduire la contamination des perturbateurs endocriniens pendant la vie foetale

“Nous n’avons pas le droit de contaminer un million de foetus par an”

Une alerte de plus du professeur Sultan, endocrinologue pédiatrique à Montpellier.

Le lien entre la prise de distilbène de la (grand-)mère et la stérilité de la descendance

Toute une histoire, vidéo publiée le 5 octobre 2015

Le distilbene est un “modèle” des perturbateurs endocriniens.

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Le parcours d’un homme, “Fils Distilbene”

Rich, membre de DES Action USA, exposé en 1949, partage son parcours

Comment avez-vous appris votre exposition au DES et comment avez-vous vécu cette révélation?

C’était au cours de la 3ème année de mon mariage, en 1978. Nous essayions en vain d’avoir une grossesse, sans succès. J’ai de suite pensé que c’était de ma faute, car je n’arrivais pas à tenir une érection en raison de la petite taille de ma verge, ou qu’il y avait un lien testiculaire, suite aux oreillons contractés étant bébé et dont mon frère aîné m’avait parlé. Ma mère, qui était infirmière, m’en avait parlé sans avoir expliqué la gravité de la maladie et le stress que mon corps avait subi.
Lorsque j’ai dit à ma mère que nous avions des difficultés pour une grossesse, elle m’a informé qu’elle avait pris du DES pendant sa grossesse. Elle avait ensuite suivi toute la recherche sans en avoir jamais parlé avec moi. Elle a dit : « Je ne t’ai rien dit parce que je pensais que tu ne te marierais pas. Jusqu’à la fin de ma vie je porterai le poids d’avoir pris du DES pendant ma grossesse pour éviter une fausse couche. Cela me hantera toute ma vie ». Ce n’est pas peu dire que j’étais stupéfait et que ma femme était furieuse. Je ressentais aussi la colère d’avoir été trahi.

De quelle façon avez-vous été affecté pour votre exposition au DES ?

J’ai toujours su que j’étais différent parce que mes organes génitaux étaient petits (notamment plus petits que ceux de mon frère). Cela me gênait de prendre la douche après le cours d’éducation physique.
Je me rappelle aussi que je n’avais pas la même excitation hormonale que les autres adolescents qui étaient attirés par les filles. Cela m’a rendu extrêmement timide et réservé vis-à-vis de mes copains qui ressentaient ces envies. J’avais même pensé à des tendances homosexuelles.
Une fois que ma mère m’a informé sur le DES, je suis allé consulter un endocrinologue pour être diagnostiqué. Une infirmière m’a demandé pourquoi j’avais fait faire une vasectomie, puisqu’il n’y avait pas de sperme dans mon échantillon. Evidemment, je n’avais jamais eu cette intervention. Le médecin a fait un examen par toucher et m’a informé que ma prostate était sous-développée et donc que mon sperme serait clair. Il a testé mon taux de testostérone et a suggéré une injection. Mais plus tard il pensait que ce n’était pas la peine de continuer, les examens médicaux ne montrant aucun résultat.
Apprendre mon exposition au DES au début de mon mariage a eu un effet psychologique intense sur mon comportement sexuel. Je pensais : « Je ne pourrai pas avoir des enfants, alors pourquoi avoir des relations sexuelles ? » Les relations sexuelles pour le plaisir déclinaient : la masturbation mutuelle a augmenté pour ensuite diminuer également. Nous avons suivi des thérapies de comportement sexuel, d’hypnose et des séances de conseil conjugal pour comprendre ce qui se passait dans notre intimité : rien ne semblait avoir de résultats.

Comment avez-vous découvert DES Action USA et qu’est-ce qui vous a fait adhérer ?

Par internet. J’ai étudié les recherches DES et je voulais avant tout savoir s’il y avait des recherches concernant les “fils DES“.
Je trouvais des tonnes d’informations concernant les filles. L’association DES Action USA présentait les recherches en cours concernant les “fils DES“.

Pouvez-vous décrire ce que ressent un “fils DES“ lorsque tant de recherches se focalisent sur les conséquences pour les “filles DES“ ?

J’étais totalement frustré ! Comment pourrait-il y avoir si peu ou pas de recherches concernant les “fils DES“ ? Nous avons tout autant le droit de savoir les conséquences physiques de ce médicament sur nous. Je sais maintenant que le DES est un perturbateur endocrinien. Peut-être que cela pourrait expliquer mon manque de désir sexuel tout au long de ma vie ? Il pourrait y avoir une explication chimique à mon comportement ! Cela aurait été préférable de connaître cette réalité plus tôt ! Je sais que mon exposition au DES est une réalité. Ce que je veux savoir, c’est comment ce perturbateur endocrinien a pu m’affecter in utero. J’ai besoin de savoir !

Si vous pouviez apporter une amélioration à DES Action USA, quelle serait-elle ?

Comme l’a dit Tom, un autre “fils DES“ dans une newsletter précédente, j’aimerais trouver plus d’informations pour les “fils DES“ et qu’il y ait sur internet un groupe de soutien qui nous soit destiné. Maintenant que je suis membre, j’espère être tenu au courant de l’avancée des connaissances. DES Action USA doit continuer à donner ces informations et rester en relation avec les équipes de recherche.

Traduit par Réseau DES France et publié avec l’aimable autorisation de DES Action USA.

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L’effondrement de la spermatogénèse et la manipulation des normes

À la recherche des contrées spermatiques

Publié par Luc Perino, médecin généraliste, humeur du 22/05/2018

Parfois les chiffres s’expriment d’eux-mêmes sans qu’il soit nécessaire de les faire parler. En 1940, la quantité de spermatozoïdes par ml de sperme était de 113 millions. Cinquante ans plus tard, en 1990, elle était de 66 millions. Pendant la même période, le volume de l’éjaculat est passé de 3.40 ml à 2.75 ml.

Alors qu’un degré de réchauffement climatique fait l’objet d’un catastrophisme rabâché sur tous les médias, cet effondrement de la spermatogénèse se déroule dans le plus grand silence. Ce déficit de vulgarisation de la biologie et de la médecine, comparées à toutes les autres sciences dures ou molles, est un problème chronique qui provient essentiellement de la manipulation des normes.

Ainsi, devant cette catastrophe spermatique, l’OMS a tout simplement modifié les normes de l’hypospermie (limite à partir de laquelle on considère le sperme comme insuffisant). Surprenante manipulation. Pour l’éjaculat, cette norme était 3ml en 1940, 2ml en 1999 et 1,5 ml en 2010. Pour le taux de spermatozoïdes par ml, on a vite oublié les 66 millions de 1990, pour tomber rapidement à 20 millions en 1999 et à 15 en 2010 ! On a même décrété que la fertilité pouvait subsister jusqu’à 5 millions, sans considérer qu’un spermatozoïde victorieux qui pénètre un ovule du XXI° siècle a combattu vingt fois moins d’adversaires qu’en 1940.

Nous savons depuis longtemps que les multiples perturbateurs endocriniens de l’agro-alimentaire et de la pétrochimie sont à l’origine de cette dégénérescence spermatique, et nous savons depuis peu que les marques épigénétiques de ce processus sont héritables.

On peut expliquer le silence autour de ces faits de deux façons, l’une réfléchie, l’autre primesautière.

  1. La première résulte d’un lobbysme bien compris pour ménager le système productif qui structure toute notre société.
  2. La seconde est un mélange confus de sentiments inavouables et contradictoires : avec 7 milliards d’habitants, faisons fi des problèmes de fécondité, espérons que l’hypofertilité épargnera notre pays ou notre communauté socio-culturelle, on inventera de nouvelles procréations médicalement assistées, etc. Lorsque l’autruche met sa tête dans le sable, c’est peut-être parce qu’elle a honte.

Les spermatozoïdes deviennent encore plus rares et plus fragiles que les abeilles et le dogme de la croissance du PIB est intouchable. Après avoir sauvé plusieurs industries en abaissant les normes de la spermatogenèse, la docile OMS a également favorisé l’industrie pharmaceutique en abaissant les normes de la glycémie et de la tension artérielle.

Devant l’impossible vulgarisation des sciences biomédicales, il ne nous reste plus qu’à espérer qu’il subsistera des contrées spermatiques où nos filles pourront aller se faire féconder…

En Savoir Plus

Enseigner la pharmacologie sociale pour une meilleure pharmacovigilance

Trois médicaments et après

Publié par Luc Perino, médecin généraliste, humeur du 15/08/2017

Dans les facultés de médecine, jusque dans les années 1970, les professeurs de pharmacologie et de thérapeutique apprenaient consciencieusement aux étudiants que les médicaments pouvaient parfois être dangereux. Nul ne retenait vraiment les risques énumérés, car les étudiants étaient d’abord fascinés par l’effet thérapeutique dont ils seraient un jour les détenteurs respectés. La pharmacovigilance était quasi-inexistante à cette époque, et chacun avait la conviction que tous les médicaments avaient plus de bénéfices que de risques.

Devant cette ignorance, une phrase revenait régulièrement dans les cours :

au-delà de trois médicaments, on ne maîtrise plus nos prescriptions et l’on ignore tout des interactions possibles.

Cette règle des trois médicaments au maximum relevait du simple bon sens et elle était plus ou moins admise par tous. Mais avec les pressions des patients et des firmes pharmaceutiques, elle était rarement respectée et l’on voyait déjà circuler des ordonnances de dix, voire quinze médicaments différents par jour.

Puis devant l’ampleur des accidents liés aux médicaments et à leurs interactions, la pharmacovigilance et l’esprit critique des médecins ont fait de timides progrès. On a découvert également « l’effet cocktail » : lorsque deux produits chimiques mis ensemble potentialisent leurs effets biologiques. Phénomène très bien étudié pour les perturbateurs endocriniens. Ainsi, au-delà des interactions médicamenteuses, les médecins d’aujourd’hui devraient considérer les interactions avec les toxiques environnementaux. Mais dans ce domaine, notre ignorance est encore plus grande.

Nous devrions alors prudemment revenir tout simplement à la règle des trois médicaments au maximum. Mais comment, dans le consumérisme d’aujourd’hui, les médecins pourraient-ils respecter une règle qu’ils n’ont pas respectée hier ?

Par ailleurs, la part de la prescription médicale se réduit. L’automédication a gagné du terrain, de puissants médicaments sont en vente libre, internet propose à foison des médicaments authentiques et frelatés, les spécialités médicales et paramédicales se multiplient, les médias annoncent quotidiennement un nouveau miracle médicamenteux. Les maisons de retraite se transforment en « piluliers » distribuant jusqu’à vingt molécules différentes par jour à leurs pensionnaires. Tandis que se multiplient des perturbateurs endocriniens qui restent toujours hors du champ de la connaissance médicale, et que les personnes en parfaite santé deviennent de gros consommateurs de médicaments.

Alors, trois ou vingt médicaments, peu importe ; la médicamentation n’est plus le fait de la médecine, elle est le fait de la société. Rien ne sert d’enseigner la pharmacocinétique ou la pharmacodynamie dans nos facultés de médecine, il faut enseigner la pharmacologie sociale.

En Savoir Plus

Le Roundup face à ses juges, livre de Marie-Monique Robin

Les ravages provoqués par l’herbicide

Depuis plusieurs années, l’inquiétude ne cesse de croître quant aux dangers du pesticide le plus utilisé au monde dans les champs et les jardins : le glyphosate. D’autant qu’en 2015, le Centre international de recherche sur le cancer l’a déclaré “cancérigène probable” pour l’homme, contredisant ainsi les agences de santé américaines ou européennes qui avaient assuré l’innocuité du Roundup de Monsanto, puissant herbicide dont le principe actif est le glyphosate.

Les victimes du glyphosate…

Prolongeant son enquête retentissante de 2008 sur les dangers des produits toxiques de la firme américaine (Le Monde selon Monsanto, livre et film), Marie-Monique Robin montre dans ce livre (et le film associé) que la dangerosité du glyphosate est plus grande encore qu’on le craignait. Dans le monde entier, il rend malades ou tue sols, plantes, animaux et humains, car l’herbicide est partout : eau, air, pluie, sols et aliments. Le produit, cancérigène, est aussi un perturbateur endocrinien, un puissant antibiotique et un chélateur de métaux. D’où autant d’effets délétères documentés ici par des entretiens très forts avec des victimes aux États-Unis, en Argentine, en France et au Sri Lanka, ainsi qu’avec de nombreux scientifiques.

Ce livre choc révèle l’un des plus grands scandales sanitaires et environnementaux de l’histoire moderne. Il montre que, face à l’impuissance ou l’absence de volonté des agences et des gouvernements pour y mettre fin, la société civile mondiale se mobilise : en octobre 2016, s’est tenu à La Haye le Tribunal international Monsanto, où juges et victimes ont instruit le procès du Roundup, en l’absence de Monsanto, qui a refusé d’y participer. Donnant son fil conducteur au livre, ce procès a conduit à un avis juridique très argumenté, qui pourrait faire reconnaître le crime d’”écocide“, ce qui permettrait de poursuivre pénalement les dirigeants des firmes responsables.

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Perturbateurs endocriniens, le temps de la précaution

de M. Gilbert Barbier, sénateur du Jura

Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Rapport 2011

Le rapport 2011 de M. Gilbert Barbier, sénateur du Jura, présente tout d’abord de manière simplifiée ce qu’est le système hormonal et ce qu’on entend par sa perturbation avant de faire le point sur la recrudescence supposée de maladies d’origine environnementale et sur leurs causes possibles.

Il analyse ensuite la notion même de perturbation endocrinienne pour en mesurer toutes les implications, car elle peut apparaître comme une véritable révolution. De nombreuses pages font référence au Distilbène (DES). Enfin, M. le Sénateur Barbier présente des propositions d’action.

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